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LA REVOLUTION FRANCAISE

En 1781, les clarisses, expulsées de Gand, partent se réfugier à Poligny, emportant avec elles le reliquaire de Colette. Passant par Arras, elles prennent quelques heures de repos sur les lits de leurs sœurs, pendant que celles-ci veillent sur les reliques de la bienheureuse. Pour la seconde fois, Colette réalise sa promesse : « En Arras, si je n’y vais vivante, j’irai morte ». Le 12 avril 1784, deux sœurs de Tournay, chassées elles aussi, sont accueillies parmi nous. Les années qui s’écoulent alors sont lourdes d’inquiétudes. En 1789, la révolution française éclate, l’Eglise de France est menacée. La communauté des clarisses d’Arras, comme toutes les communautés religieuses, tombe sous le coup de décrets (suppression des vœux monastiques, des ordres religieux ; les biens du clergé deviennent biens nationaux….) Par deux fois, les officiers municipaux viennent au monastère et dressent l’inventaire de tous les biens, pièce par pièce, puis ils interpellent chacune des sœurs « afin de déclarer si elles veulent s’expliquer de leur intention de sortir de la maison de leur Ordre, ou d’y rester et de continuer la vie commune. » Toutes, y compris les deux exilées de Tournay, qui d’ailleurs ne disent mot sur leur origine, déclarent vouloir garder la Forme de vie. Non seulement, l’assemblée nationale avait supprimé les vœux monastiques, mais elle avait pris une mesure plus grave en interdisant la mendicité. Les temps sont très durs pour les clarisses, elles sont 27 à vivre au monastère. La communauté d’Arras se retrouve dans une telle misère qu’elle doit recourir à la municipalité, qui accueille sa demande et avance un secours à la communauté. Le secret de cette bienveillance est simple : l’Abbesse, Rose Claire Garin, est proche parente du révolutionnaire Guffroy qui joue un rôle considérable dans la ville ; on le dit son neveu. Cette protection de Guffroy permet à la communauté de suivre la forme de vie plus d’une année encore. Mais le triomphe de la Commune, les massacres du 2 septembre 1792 paraissent lourds de douloureux présages.

Par ordre du gouvernement, la dispersion est exigée pour le 1er Octobre 1792.

Le matin du 1er octobre, les clarisses se réunissent au chœur, font toutes ensemble la promesse de toujours rester fidèles à Dieu et à l’Eglise, s’embrassent une dernière fois et quittent le monastère par petits groupes de deux ou trois. Aucune ne sera arrêtée. Certaines prennent le chemin de l’exil et se dirigent vers l’Allemagne ou la Pologne, d’autres choisissent de rester dans le Pas de Calais, cachées dans un coin retiré d’une maison. L’abbesse, Rose Claire Garin, se réfugie même dans le pigeonnier de sa maison natale à Sainte Catherine, y menant une vie édifiante. On raconte que : « Quelques uns de ses parents, la voyant toujours accompagnée d’un coffret dont elle ne voulait jamais se séparer, s’imaginèrent qu’il devait contenir le trésor du monastère. Un beau jour, leur curiosité n’y tient plus ; profitant de l’absence de la sœur, l’un d’eux soulève le couvercle et y découvre … un bréviaire ! » Dix jours après le départ des sœurs, le monastère et tous ses biens sont vendus aux enchères. Pour tirer parti de son bien, le propriétaire fera de l’église une fabrique de salpêtre. Quand au couvent il n’en restera rien, hormis la chapelle du jardin. Mais la main du Seigneur, qui dirige les événements, sauve l’église de la destruction : le 25 juillet 1808, 16 ans après sa vente, elle deviendra église de la paroisse saint Nicolas en cité et sera rendue au culte !